Panier

DEBRE Olivier

Composition abstraite
Lavis d'encre de Chine sur papier
circa 1950/55
H- 26.5cm / L- 34cm / H- 0.1cm

La lumière et la transparence occupent une place centrale dans l’œuvre d’Olivier Debré, bien que celui-ci soit résolument abstrait. Jamais détaché de la réalité, même lorsque les motifs se diluent dans des jeux d’opacité et de transparence, l’artiste parvient à mettre en avant l’essence même de la peinture. L’espace, la matière, la texture, la couleur et la lumière sont autant d’éléments fondamentaux explorés dans ses créations.

Jeune homme, Olivier Debré avait initialement envisagé une carrière dans l’architecture. À 17 ans, il s’est inscrit à l’École nationale des beaux-arts de Paris, sous la direction de son oncle Jacques Debat-Ponsan, tout en fréquentant assidûment l’atelier de Le Corbusier. Pendant cette période, il a commencé à produire ses premières œuvres, influencées d’abord par l’impressionnisme et la peinture naturaliste de son grand-père Édouard Debat-Ponsan, puis par le cubisme, avant de progressivement glisser vers l’abstraction. Après la Seconde Guerre mondiale, durant laquelle il a réalisé des dessins sombres et marqués d’histoire sur les thèmes de l’Occupation et des Camps, il a décidé de se consacrer entièrement à la peinture. En 1946, il s’est installé à Cachan, et trois ans plus tard, la galerie Bing a inauguré sa première exposition personnelle.

Olivier Debré a rencontré de nombreux artistes influents tels que Gérard Schneider, Serge Poliakoff, Hans Hartung et Maria Helena Vieira da Silva. Il a initialement développé ses « Signes personnages », puis au fil des décennies, il a exploré les « Signes paysages ». Il faisait partie intégrante de la Seconde École de Paris, qui regroupait de manière informelle des défenseurs de l’art abstrait comme Jean Bazaine, Alfred Manessier, Georges Mathieu, Nicolas de Staël et Pierre Soulages. Ces liens artistiques sont devenus de plus en plus apparents avec le temps, notamment à travers des expositions réunissant ces grands noms de l’art abstrait. Des dessins et des lithographies de ses contemporains tels que Hartung, Riopelle et De Staël ont été présentés aux côtés des œuvres d’Olivier Debré, mettant en lumière les connexions artistiques de cette période.

Pendant les années 1960, Debré a parcouru de nombreux pays, toujours accompagné de son carnet de croquis. Ses expositions l’ont mené de New York à l’Italie, de l’Espagne à la Suisse, en passant par la Grèce. En 1966, il a présenté son travail pour la première fois à Oslo, en Norvège, où il a ensuite effectué plusieurs séjours. Cependant, malgré ses voyages, la Touraine est restée son point d’ancrage principal. Depuis le jardin de sa maison familiale à Vernou-sur-Brenne, il contemplait la vallée de la Cisse. L’artiste appréciait de travailler en plein air et avait même aménagé un atelier mobile dans sa vieille Ford jaune, qu’il conduisait jusqu’aux rives de la Loire. Là, il aimait peindre avec les pieds dans l’eau, sa toile posée à plat sur l’herbe. Son atelier était littéralement le paysage lui-même. Des éléments naturels tels que des gouttes de pluie, des grains de sable ou des graviers étaient parfois intégrés à la surface de ses toiles, soulignant ainsi la fusion totale entre la nature et son art.

Au fil des décennies, les œuvres de Debré ont gagné en monumentalisme, aboutissant aux immenses compositions des années 1990, présentées au CCCOD-Centre de création contemporaine Olivier Debré à Tours en 2018. Sa palette s’est éclaircie, jouant sur une multitude de nuances, tandis que son approche de la matière s’est progressivement affinée, alternant entre densité et fluidité. Ses paysages évoquent une poésie tranquille mais profonde, où l’air et l’eau se fondent harmonieusement, transportant le spectateur vers des horizons sereins où la réalité semble se fondre dans l’imaginaire. Son travail engage pleinement les sens, résultant en une peinture à la fois physique et mouvante, façonnée par la vigueur et l’audace de son geste artistique.

Parallèlement à sa pratique picturale, Debré a exploré d’autres domaines artistiques. Restant fidèle à ses premières aspirations, il a conçu plusieurs projets architecturaux, réalisés ou non, dont l’un, en 1971, pour le Centre Pompidou. Passionné par le spectacle vivant, il a également créé des rideaux de scène pour la Comédie-Française et l’Opéra de Hong Kong dans les années 1980, ainsi que des fresques murales pour le théâtre des Abbesses à Paris en 1997. Son travail d’illustrateur pour des écrivains renommés comme Julien Gracq, Francis Ponge, Bernard Noël et Michel Butor est également mis en avant dans l’exposition au musée de Tours, tout comme sa collaboration en tant que céramiste avec la manufacture de Sèvres en 1995. Enfin, il a conçu des vitraux pour la collégiale Saint-Mexme de Chinon en 1998.

Olivier DEBRE (1920-199)